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20130528


Crainte et Dégoût : Virgin megastore


capital

économie
licenciements

Vraiment, Virgin ? Pour qui donc te prenais-tu ? « La mort de la culture » ai-je pu lire en vitrine de l’une de tes enseignes, inscription au feutre noir sur drap blanc par tes employés persuadés d’être les martyrs du grand capital.

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Par Henri Gide

Ne vous rendiez-vous pas compte, stupides, que vous travailliez chez Virgin Megastore ? Une grande surface, témoin de son époque de consommation de biens, culturels, certes parce qu’il faut bien occuper un créneau.

Ne vous rendiez-vous donc pas compte, stupides, que vous travailliez pour celui qui a contribué à l’extinction des disquaires ? Jusqu’à ce que le marché du disque s’effondre…

Et quand les CD ne se vendaient plus aussi bien, tu as décidé, Virgin, de vendre des livres, prétextant que cela avait toujours été là ton but : la culture. Alors, là aussi, tu t’es mis à assassiner les libraires, les disquaires ne suffisant pas à ton tableau de chasse.
Virgin, une librairie ? Un temple de la culture ? Vraiment ? Mais vous n’avez jamais mis les pieds dans une librairie ?
Croyez-vous vraiment qu’un entrepôt de nouveautés est une librairie ?

Virgin, tu n’es pas une victime dans cette histoire. Certes tes employés sont des dommages collatéraux de ta politique, mais n’allons pas croire qu'ils sont les plus grands défenseurs de la culture que l’on balaie au nom de l’argent. Virgin, tu étais le grand capital qui a assassiné les modèles dont ces tâcherons se voudraient les nouvelles incarnations. Ils n’en sont que des ersatz.

Je suis sûr que parmi eux il y aurait eu de vrais libraires et de remarquables disquaires en d’autre temps et d’autres lieux, malheureusement, ils n’ont eu que toi pour gagner leur vie et tenter de croire qu’ils étaient plus que des vendeurs et des vigiles.

thevirginjoke Crainte et Dégoût : Virgin megastoreAlors, non, Virgin, je ne vais pas pleurer sur ton sort. J’avoue, j’allais parfois te voir, honteusement, pour acheter les livres que j’avais la flemme d’attendre trois jours chez mon libraire attitré. Ta mort doit servir aussi à ça. À prendre conscience de notre attitude à nous, répugnants « usagers ». À revenir la queue entre les jambes chez notre libraire – le vrai – quand il existe encore.

Eh oui, Virgin, ces usagers qui t’ont répugné, et une partie de l’opinion avec toi : ceux-là qui se sont précipités, telle une horde de gnous en rut, mus par les mécanismes de consommation que tu as grandement contribué à développer chez eux. Ils t’ont fait peur, hein, ces venus te piétiner pour quelques produits inutiles et déjà périmés. Oui, ils m’ont fait peur aussi tes rejetons. TES rejetons. Car c’est bien toi qui les a enfantés, Virgin. N’essaie pas de nous filouter avec ton nom.

Virgin, ne nous fais pas pleurer sur ton sort et celui de tes salariés. Bien sûr je suis toujours triste quand on détruit des emplois, et il faut toujours se révolter quand ça arrive mais ne vous foutez pas de ma gueule : quand il y aura un plan social chez Carrefour, crois-tu vraiment que les employés vont venir dire qu’on assassine la culture ? Le commerce de proximité ?

Virgin, tu es victime du retour de bâton que tu avais lancé de toutes tes forces. Déplore-le si tu veux, arrange-toi avec tes salariés comme tu veux, mais ne nous fais pas avaler tes illusions et tes fausses aspirations de parangon de la culture. Tu n’étais qu’une grande surface destinée à vendre plus de choses à plus de gens.

Meurs. Je ne pleurerai pas.





3 réflexions au sujet de « Crainte et Dégoût : Virgin megastore »

  1. Je partage totalement cette analyse, mais je n'oublie pas les vendeurs don't certains étaient libraires.
    Virgin doit payer plein pot pour leur licenciement et chômage qui ne sont pas dus à une baisse significative de l'activité commerciale.

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    • Il y a aussi un livre qui sort sur les conditions de travail à Amazon à Montélimar. J'ai entendu ce matin sur France Inter.

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