Edito
20130604
Partir c’est pourrir un peu…
A l’heure où tout le monde est en train de préparer ses vacances d’été… je vais pudiquement et timidement vous dévoiler un peu de moi, telle une jeune actrice en recherche de casting exprimant son talent dans les pages d’Entrevue. Je hais les voyages, je hais le tourisme, et c’est du bout de mes doigts de pied en éventail que j’apprécie modérément les vacances.

Partir, quelle drôle d’idée… comme un leitmotiv des fordistes du loisir que nous sommes devenus, explorer des lieux qui n’ont pour charmes que d’être exotiques ou juste un peu distants de son propre chez soi. « L’enfer c’est les autres » déclamait le mari à Beauvoir, « ailleurs c’est pas chez moi » aurait pu répondre Jean-Pierre Martin en villégiature au Cap d’Agde.
On part toujours pour fuir une réalité qui nous attend sagement à notre retour quand elle ne s’est pas discrètement glissée dans nos affaires froissées par une valise trop petite pour toutes les choses inutiles que l’on ne peut se permettre de laisser derrière soi, au contraire du papier gras que tout vrai voyageur oublie en contemplant un paysage qu’il retrouvera dans une émotion factice sur son écran d’ordinateur pour les plus modernes, dans son album photo pour les plus obsessionnels ou sur le mur du salon en diapositives pour les plus relous.
“I’m not a tourist, i’m living here” ai-je parfois envie de hurler devant ces troupeaux d’ados étrangers venus visiter Paris dans l’espoir de culbuter leur voisine de chambrée tout en achetant des casquettes américaines fabriquées en Chine représentant une Tour Eiffel pour leur famille restée au pays et qui n’en ont rien à faire de la voisine, de la casquette et de la Chine.
Il paraît que les pays d’Europe du Sud montent dans le nord pour chercher la culture et ceux du Nord descendent pour chercher le soleil. « Ich bin a berliner » semble être la devise du touriste moyen, qui dans son combo bermuda-débardeur-lunettes de soleil-sandales nous rappelle que nous ne sommes que des éléments du décor d’un paysage à consommer en suivant les conseils de guides plus proches d’un mode d’emploi que d’une invitation à la découverte.
LA POLLUTION HUMAINE
Il y a aussi le tourisme éthique. Le voyageur recherche alors la connivence avec l’autochtone et rend un coup de main d’une utilité parfois douteuse mais avec une conscience qui donne bonne mine. Des bataillons d’occidentaux brûlant des litres de kérosène pour poser des briques et donner des cahiers dans des pays ravagés par des années de cynisme et de cécité occidentales... ça m’émeut toujours.
Découvrir le monde, aller vers l’autre, s’ouvrir aux cultures, quel beau programme, on se croirait dans les catalogues promos de la semaine asiatique de Monoprix, mais en un peu plus cher et en un peu plus chic.
Je vous dis ça sans souci et avec d’autant plus d’aise que je sais pertinemment que vous ne faites pas partie de ces gens-là. La transhumance vous laisse sceptique, le gros touriste beauf, pollueur et égoïste, avec ses valises remplies de préjugés, d’a priori, et aux œillères bien installées pour ne pas voir la réalité des contrées traversées, c’est l’autre. Nous sommes entre gens fins et civilisés.
Et puis encore faut-il avoir les moyens de partir. Evitant les destinations à la mode « car pour les cons j’ai payé », direz-vous, « et je préfère me poser que d’aller faire le baroudeur en goguette ». Assumant le farniente, vous vous retrouvez alors à lire les livres entassés durant toute l’année pour les plus intellos, à feuilleter la presse people pour les plus touchés, à faire du sudoku et des mots croisés pour les plus névrosés ou à ne rien faire, strictement rien, même pas bronzer, car nos étés ne ressemblent plus à grand-chose entre canicule et giboulées d’Août… En même temps, on se plaint, mais ca fait toujours un sujet de discussion, et en vacances, c’est précieux !
LES VOYAGES FORMENT LA JEUNESSE
Allons, ne soyons pas aigris, dépassés les trains bondés, les aéroports paniqués ou les péages escargrotesques, les voyages ont du bon. Pour les plus parvenus d’entre nous, ils permettent d’expérimenter de nouveaux MacDo, renouer avec le Burger King, visionner des films américains avec des sous-titrages loufoques, de tester le goût du chlore avec l’urine du coin dans les piscines forteresses des destinations les plus périlleuses, et de favoriser le développement local en donnant des pièces aux enfants qui vous guettent à la sortie de l’hôtel. Pour les moins chanceux, les vacances permettent de séjourner chez la belle-mère avec les gosses insupportables de votre beau-frère qui n’a rien trouvé de mieux que de leur offrir des pistolets à eau. Bref, voyageons, faisons le tour de la Terre, explorons, visitons, et faisons nôtre cette jolie devise qui m’est revenue du fin fond de mon enfance lorsque j’étais encore phacochère neurasthénique « le scout ne laisse rien derrière lui mis à part des remerciements ».
Quelques cris du cœur pour finir...
- Quand on voit comment les touristes se comportent dans un lieu sauvage, on se dit qu’ils n’aiment pas la nature et quand on les écoute, on se dit qu’elle le leur rend bien.
- Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, d’accord, mais je vous rappelle que sa croisière, il l’a fait sans sa femme !
- On dit souvent que partir c’est crever un pneu, mais je n’ai jamais compris pourquoi…
On part toujours pour fuir une réalité qui nous attend sagement à notre retour quand elle ne s’est pas discrètement glissée dans nos affaires froissées par une valise trop petite pour toutes les choses inutiles que l’on ne peut se permettre de laisser derrière soi, au contraire du papier gras que tout vrai voyageur oublie en contemplant un paysage qu’il retrouvera dans une émotion factice sur son écran d’ordinateur pour les plus modernes, dans son album photo pour les plus obsessionnels ou sur le mur du salon en diapositives pour les plus relous.
“I’m not a tourist, i’m living here” ai-je parfois envie de hurler devant ces troupeaux d’ados étrangers venus visiter Paris dans l’espoir de culbuter leur voisine de chambrée tout en achetant des casquettes américaines fabriquées en Chine représentant une Tour Eiffel pour leur famille restée au pays et qui n’en ont rien à faire de la voisine, de la casquette et de la Chine.

LA POLLUTION HUMAINE
Il y a aussi le tourisme éthique. Le voyageur recherche alors la connivence avec l’autochtone et rend un coup de main d’une utilité parfois douteuse mais avec une conscience qui donne bonne mine. Des bataillons d’occidentaux brûlant des litres de kérosène pour poser des briques et donner des cahiers dans des pays ravagés par des années de cynisme et de cécité occidentales... ça m’émeut toujours.
Découvrir le monde, aller vers l’autre, s’ouvrir aux cultures, quel beau programme, on se croirait dans les catalogues promos de la semaine asiatique de Monoprix, mais en un peu plus cher et en un peu plus chic.
Je vous dis ça sans souci et avec d’autant plus d’aise que je sais pertinemment que vous ne faites pas partie de ces gens-là. La transhumance vous laisse sceptique, le gros touriste beauf, pollueur et égoïste, avec ses valises remplies de préjugés, d’a priori, et aux œillères bien installées pour ne pas voir la réalité des contrées traversées, c’est l’autre. Nous sommes entre gens fins et civilisés.
Et puis encore faut-il avoir les moyens de partir. Evitant les destinations à la mode « car pour les cons j’ai payé », direz-vous, « et je préfère me poser que d’aller faire le baroudeur en goguette ». Assumant le farniente, vous vous retrouvez alors à lire les livres entassés durant toute l’année pour les plus intellos, à feuilleter la presse people pour les plus touchés, à faire du sudoku et des mots croisés pour les plus névrosés ou à ne rien faire, strictement rien, même pas bronzer, car nos étés ne ressemblent plus à grand-chose entre canicule et giboulées d’Août… En même temps, on se plaint, mais ca fait toujours un sujet de discussion, et en vacances, c’est précieux !
LES VOYAGES FORMENT LA JEUNESSE
Allons, ne soyons pas aigris, dépassés les trains bondés, les aéroports paniqués ou les péages escargrotesques, les voyages ont du bon. Pour les plus parvenus d’entre nous, ils permettent d’expérimenter de nouveaux MacDo, renouer avec le Burger King, visionner des films américains avec des sous-titrages loufoques, de tester le goût du chlore avec l’urine du coin dans les piscines forteresses des destinations les plus périlleuses, et de favoriser le développement local en donnant des pièces aux enfants qui vous guettent à la sortie de l’hôtel. Pour les moins chanceux, les vacances permettent de séjourner chez la belle-mère avec les gosses insupportables de votre beau-frère qui n’a rien trouvé de mieux que de leur offrir des pistolets à eau. Bref, voyageons, faisons le tour de la Terre, explorons, visitons, et faisons nôtre cette jolie devise qui m’est revenue du fin fond de mon enfance lorsque j’étais encore phacochère neurasthénique « le scout ne laisse rien derrière lui mis à part des remerciements ».
Quelques cris du cœur pour finir...
- Quand on voit comment les touristes se comportent dans un lieu sauvage, on se dit qu’ils n’aiment pas la nature et quand on les écoute, on se dit qu’elle le leur rend bien.
- Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, d’accord, mais je vous rappelle que sa croisière, il l’a fait sans sa femme !
- On dit souvent que partir c’est crever un pneu, mais je n’ai jamais compris pourquoi…