Viens voir le docteur
20130221


J’avale…


… assez mal cette pilule, Docteur ?

pillule


Pourquoi ladite affaire de la pilule de 3ème ou  28ème génération a-t-elle du mal à passer ?
Parce que vous êtes une femme Marie-Olivette et que vous aimeriez avaler, mais uniquement quand vous l'avez décidé. Et que surtout, vous aimeriez éviter de trinquer lorsque justement vous voulez trinquer au champagne car vous n'êtes pas enceinte.

Il y a bien une chose qu'il faut se dire, c'est que le scandale médiatico-hystérique des pilules de 3ème génération n'est qu'un tiret de plus sur la longue liste des outrages au corps féminin.
Sans revenir sur le débat de fond ou de forme de ces pilules, interrogeons-nous plutôt sur la violence faite aux femmes et à leurs corps. Car avant de parler des coups de poing, des agressions, des viols, on pourrait peut être déjà se regarder le nombril et parler des violences que nous nous infligeons nous-même. Jamais le corps féminin n'a été aussi maltraité, honni, torturé par ses maîtresses qu'à notre époque contemporaine. Au delà de ces symptômes qui raviraient n'importe quel étudiant en 1ère année de psychologie, un vrai questionnement quasi-philosophique (la vache) s'impose.


LE CONTRÔLE DE SOI ET DE SON IMAGE
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La méchante reine dans Blanche Neige, archétype du "Beauty Freak Control"

En effet, le désir de soigner son image physique, voire de modifier son corps biologique, a toujours existé dans nos sociétés [et pas que NDLR]. Il suffit de regarder depuis les peintures rupestres, les os dans le nez, les femmes romaines qui s'enduisaient la peau de plomb pour se rendre plus désirables, celles du 18ème qui se mettaient du mercure sur les joues pour se les rendre plus rouges, et on en passe des pieds bandés et autres joyeusetés type femmes girafes, corsets, etc.
Bref, l'utilisation de son corps reste le meilleur médium pour se construire une image de soi, une image que l'on espère unique, désirable et qui malheureusement n'est que la triste reproduction d'une image stéréotypée imposée par la mode, la société et les médias, une bien belle image sociale, ascendant EGO.

Qu'importe si ces critères ont évolué, avant il fallait avoir la peau d’albâtre pour ne surtout pas ressembler à une paysanne vivant au grand air, maintenant, tous les lundis (au soleil), il faut donner l'impression de rentrer juste d'un weekend aux Maldives [ la victime n°1 de cette mode reste un homme, un seul, un orangé : Jacques Séguéla].

LA VÉRITÉ SANITAIRE DE NOTRE BEAUTÉ 

Car ces injonctions sociétales poussent à redevenir des petites filles devant l'injonction parentale, à se conformer à l'image la plus désirable et aimante, quoiqu'il en coûte. Les magazines féminins, la société, induisent notre vision de la beauté, influent sur notre soi-disant libre arbitre : nous devenons alors prêtes à tout pour être belle, normée, désirée...

Et le drame de notre société, c'est qu'elle nous offre des moyens pléthoriques pour devenir cobaye, victime consentante, pour devenir une version forcément mieux de nous même.

peeling Javale...

La chirurgie façon ZIP, trop facile !

Chassons le naturel, il ne mérite plus d'exister.

Entrons dans le cycle pervers des régimes amaigrissants : c'est le scandale du Médiator, pris hors indication médicale, à l'encontre de toutes les recommandations de prudence, voire de simple bon sens.

POURQUOI ? Pour quelques kilos en moins et passer l'épreuve du bikini ou de la 1ère nuit avec un nouvel amoureux ? Et quid des conséquences des régimes, doit-on le redire ? L'affaiblissement cardiaque, les régimes de ces jeunes femmes en pleine croissance, des muscles atrophiés, un système osseux fragilisé, une fatigue chronique...

Doit-on ignorer la terrible conséquence de la dégradation de l'image de soi, de l'image physique et mentale, lorsque les régimes échouent, lorsque les rechutes surviennent (immanquablement), lorsque, parfois, l'anorexie s’installe de manière perverse ?

des protheses defectueuses de la societe Javale...

Mieux que les pyramides de macarons, la pyramide de prothèses mammaires !

Et que dire des prothèses mammaires PIP ? Il faut peut être rappeler le nombre de femmes qui se sont laissées prendre au mirage d'une poitrine de rêve, artificielle et pas dans une logique de chirurgie reconstructrice (la grande majorité des opérations concernant la poitrine ne sont faites que dans un but esthétique)

C'est cet artifice que nous fait refuser le vieillissement, l'enlaidissement, la peau flasque, les grossesses qui marquent, le temps qui passe, les rides qui apparaissent, bref, la réalité.

Là encore, les femmes sont en première ligne (malheureusement, la tendance veut que les hommes soient impatients de combler leur retard) car le dénigrement du vieillissement et de toutes modifications de leur corps engendrent des conduites à risques telles que, prises d'hormones après la ménopause, opérations plus ou moins pertinentes, liftings, injections de Botox ou autre mésothérapie... 
Toutes ces pratiques médicales qui sont médiatisées et sur lesquelles nous n'avons AUCUN recul, aucune statistique fiable et aucune recherche digne de ce nom.

C'est cela la réalité : les femmes s'infligent des actes d'une violence sanitaire et psychologique sans nom, qui coûtent financièrement, émotionnellement. Et dont les conséquences ne seront jamais anodines.

Prétendre le contraire, bercer les femmes de l'illusion de l'éternelle beauté sans risque, c'est au mieux du marketing cynique, au pire de la manipulation mortelle.

Mais quand vous savez que bronzer avec un indice 5 quand on a une peau de rousse, c'est augmenter les risques de mélanome, de cancer de la peau, de glaucome (qui peut entraîner la cécité) et que vous le faites tout de même car vous aurez la satisfaction d'être complimentée au bureau ; qui est responsable ? Qui est coupable ?
Lorsque votre gynéco vous prescrit la pilule en vous indiquant clairement que FUMER est une contre-indication SÉRIEUSE et vous préférez ignorer délibérément cet avertissement par confort ? Qui sera responsable en cas de thrombose ou d'AVC ?

COUPABLE ET CULPABILITÉ

Et c'est bien là le nœud du problème : les femmes sont des victimes consentantes à l’exécution de leur peine. Et leur enfermement, c'est l'acceptation d'un risque qui parait démesuré par rapport au bénéfice.

Où est la proportionnalité et le bon sens ? Bien sûr que les scandales sanitaires du Médiator, des prothèses PIP et des pilules de 3ème génération doivent être sanctionnés aussi bien au niveau judiciaire qu'au niveau du contrôle sanitaire. Cela ne remet en rien en cause le drame de ces femmes et l'anormalité de ce qu'elles subissent.

Pourtant, il ne faut ni oublier, ni minimiser l'acte profondément volontaire qui a conduit nos amies, nos mères, nos sœurs, nous-même, à mettre en péril notre santé pour une injonction de beauté.

Nous devons être capables de nous regarder dans un miroir, non pour trouver la nouvelle ride qu'il faudra combler, mais pour reconnaître qu'à un moment, nous décidons d'ignorer sciemment les mises en garde sur le célèbre air de "cela n'arrive qu'aux autres".

pilule victime h content l Javale...

La pilule du bonheur?

J'entends déjà les reproches, les "ce serait les culpabiliser, leur faire payer un prix encore plus lourd que ce qu'elles payent déjà?"
Il est vrai que la culpabilisation ne sert à rien si nous sommes dans le simple jugement de valeur. Tout le monde veut plaire, se sentir jeune, en forme, mais cela n'excuse pas les comportements infantiles et irresponsables. Cette culpabilité et ces scandales doivent permettre d'élever nos consciences et de nous amener vers une plus grande responsabilité.

En tant que femme, en tant que consommatrice responsable, je dois être la première à défendre mon corps, mon intégrité physique et ma liberté d'action face à une société, des hommes, une médecine et des promesses qui nous font vraiment avaler n'importe quoi.




4 réflexions au sujet de « J’avale… »

  1. Superbe article, par une femme, pou les femmes.

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  2. Superbe article, par une femme, pou les femmes.

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    • PouR les femmes, et non pas pou, bien sur...

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    • si, si pou les femmes (comme les inc'oyables et les me'veilleuses c'est ça? tu parles Consulat en fait?)

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