20130625


Le régime préhistorique


Qu’y avait-il au menu de nos ancêtres lointains?

IMG_3155 - 2012-05-18 à 14-31-45


Le régime alimentaire des hominidés dicte leur comportement et leurs niches écologiques. Or on a découvert qu’un petit australopithèque sud-africain, Australopithecus sediba, s'était concocté un régime à base de bois et d'écorce d'arbres, alors que la plupart des autres hominidés préféraient feuilles et plantes bien plus tendres.

Il y a environ deux millions d'années semble-t-il, il y avait donc différentes espèces d'Australopithecinés utilisant différents environnements de diverses façons, chaque espèce étant plutôt focalisée sur son environnement spécifique avec un comportement spécifique. Donc peu de temps avant l’arrivée d’Homo erectus, leurs prédécesseurs, les Australopithèques étaient capables de se déplacer et de se débrouiller dans des environnements différents.

Les habitudes alimentaires de cet Australopithèque, dont deux spécimens ont été découverts en 2008 dans une caverne proche de Johannesburg, ont été révélées par les dents du primate, soumises à une batterie de tests par une équipe internationale de chercheurs.

A. sediba avait un régime alimentaire très différent de celui des autres hominidés qui ont été étudiés jusqu'à présent. Étant donné que leur morphologie est très similaire, on s‘attendait à ce qu'il ressemble, plus ou moins, aux autres espèces du genre australopithèque, ou même un peu aux premiers hommes. En réalité, il consommait beaucoup plus de nourriture provenant d'environnements boisés et clos, y compris des aliments durs.

Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs* ont commencé par bombarder les dents de l'australopithèque sud-africain à l'aide d'un laser, pour extraire le carbone piégé dans l'émail. Contrairement aux dents de 81 autres hominidés testées jusqu'alors, contenant une forme de carbone caractéristique de feuilles et d'herbes, celles d'A. sediba renfermaient du carbone provenant d'arbres et de buissons. Ceci suggère que ce primate mangeait, au moins une partie de l'année, de l'écorce et autres tissus ligneux car l'écorce, surtout l'écorce interne des arbres, peut être plutôt nutritive (tous les nutriments d'un arbre passent par son écorce interne). Par exemple, le sirop d'érable n'est rien d'autre qu'une version concentrée de la résine qui coule dans l'écorce interne des érables.

Pour vérifier ce résultat insolite, les scientifiques ont recouru à une technique inédite : prélever sur les dents un peu de tartre - la plaque dentaire minéralisée bien connue des dentistes modernes et de leurs patients (aïe!)- et analyser les minuscules fragments végétaux fossilisés qui y étaient restés piégés depuis deux millions d'années. Il s'agissait bien d'écorce et de bois. Un tel régime alimentaire n'avait jamais été attribué jusqu'alors aux hominidés africains. A. sediba se nourrissait d'une manière assez similaire aux chimpanzés de la savane africaine aujourd'hui.



* Université de Boulder (Colorado), Institut Max Planck.



Laisser un commentaire