20131029


Mourir, c’est mourir un peu.


décès
destination finale
lou reed

walk on the wild side

Réjouissez-vous chers amis, nous sommes entourés de gens qui vont mourir et nous en faisons partie.

creve (1)


Je suis entouré de gens qui vont mourir. Vous aussi. Vous êtes entouré de gens qui vont mourir. Et vous aussi, vous allez mourir. Ce n'est pas une menace, c'est un constat.

Je n'ai jamais compris ceux qui avaient peur de la mort. Souffrir, oui. Je suis assez douillet. Vieillir aussi, c'est terrifiant. Passé la quinzaine, notre corps nous trahit. Et je ne parle pas que des hormones.
Mais mourir ?

Moi qui ai horreur de voyager, de passer pour un touriste, de me retrouver dans des galères, de rater un truc, d'avoir des problèmes gastriques, je me sens plutôt rassuré. Si c'est un voyage, il doit être sacrément organisé depuis le temps. Et si c'est une impasse, il n'y a pas trop à réfléchir.

Je ne crois pas à l'enfer. C'est trop mesquin. Si le Créateur est un punisseur, un colérique ou un rancunier, ça expliquerait pourquoi le Monde déconne autant, mais du coup, je préfère éviter d'avoir à faire à une entité aussi minable.

Je ne crois pas au paradis. C'est tellement niais. Tellement enfantin. Un peu comme l'enfer d'ailleurs. C'est réconfortant, apaisant, mais pas très cohérent. Je passe évidement sur le coté chérubins, angelots, rivières de miel et milles vierges barbotantes, mais même la simple pensée d'une vie après la mort calquée sur notre vécu mais en mieux, c'est affligeant.

Je ne crois pas en la réincarnation. Au niveau cellulaire, oui bien sûr, mais au niveau âme, j'ai un peu plus de mal. C'est mignon comme idée, c'est empreint d'une certaine logique, mais c'est un peu comme la Terre plate, Adam et Eve ou Dieu à barbe blanche, ça fait pré-hollywoodien pour peuplades angoissés.

Je sais bien que, souvent, ce n'est pas la mort qui nous angoisse. C'est la séparation. C'est le regret. Ne plus voir les gens qui nous sont proches, abandonner des personnes qui comptent sur nous, arrêter un puzzle en ayant fait que les bords, ou laisser à son banquier un emprunt avec encore de longues mensualités.

La mort de l'autre est une souffrance égoïste. On pleure la perte et non le devenir du disparu. Et cette perte est à géométrie variable. On peut voir mourir 1 million de personnes (NDLR: une fois?) dans un film ou dans les bandes défilantes des chaines d'infos (ce qui revient à peu près au même) sans trop d'émotion ou pleurer à chaudes larmes la mort du héros à l'écran ou d'un figurant de notre propre vie.

Le suicide est un acte de courage, d'impuissance ou de lâcheté selon l'angle envisagé, l'euthanasie un sujet de société et de discorde, la mort est une fête au Mexique, une excitation dans GTA et un thème publicitaire à Halloween.
On utilise la mort pour enrichir un scénario raté, donner du volume à une histoire plate, la littérature et le cinéma sont pleins de tragédies pour divertir.

« Mourir, c'est pas facile » dit le poète. Et comme sur beaucoup de sujets, il se trompe.

Mourir, c'est ce qu'il y a de plus facile.

Combien s'échouent à la procréation ? Combien décrochent durant la grossesse ? Combien partent à la naissance ? Et surtout combien ratent leur vie?

La mort est le seul moment que vous ne pouvez pas rater. Même embaumé, même empaillé, brûlé, enfouis, mangé, congelé ou dépecé, vous réussirez à mourir, un peu comme le Bac dans la tête d'un commentateur du figaro.fr (qui lui est en mort cérébral mais vit encore, brrrr) on donne la mort à tout le monde, même aux étrangers, c'est pour dire!

Chers mortels, méfiez-vous de ceux qui vous promettent l'immortalité, la jeunesse éternelle, le surhumanisme, l'éloignement de la mort. Au mieux, cela ressemblera à un long dimanche devant Drucker avec comme invité Alain Delon.

Alors, réjouissez-vous chers amis qui commencez déjà à pourrir, nous sommes entourés de gens qui vont mourir et nous en faisons partie.



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