20131105


Nous voulons exister!


attention whore
cogito ergo sum
condition humaine

Pour exister, il suffit de faire du bruit, d’éprouver, de passer à la télé, de faire chier le voisin ou de faire l’artiste sur instagram.

exister


Moi en tout cas. Le plus possible. Freud pensait que notre énergie provenait essentiellement de notre pulsion sexuelle mais il se trompait grave, le con. C'est Adler qui avait raison (Alfred, pas le gros qu'on voit toujours donner son avis sur n'importe quoi dans les débats et les magazines): ce qui nous motive, c'est le besoin d'exister.

Et pour exister, pas besoin de penser. Cogito ergo sum? C'est une vision trop ambiteuse et un peu naïve de l'Humain.

Pour exister, il suffit de faire du bruit, d'éprouver, de passer à la télé, de faire chier le voisin ou de faire l'artiste sur instagram.

Nous voulons exister ! Le plus possible. Mais c'est compliqué parce que dans « nous » y a l'autre. Et l'autre aussi, il a des envies d'être là. Batailles d'Egos quand les gens s'affirment, effacement et replis quand ils n'osent pas se battre.

Nous voulons exister ! Mais nous ne sommes pas sûrs. La vie est un songe, une matrice, une caverne, une angoisse, un présent trop vite passé. On s'accroche aux parois pour ne pas trop vite tomber, on tente de ralentir le film parce que même si le scénario est mauvais, c'est tout de même le rôle de notre vie et qu'il nous reste des popcorns. Un paquet de popcorn ça se termine pas sur le trottoir à la sortie, ça se déguste devant l'écran, jouissivemment, bruyamment, quitte à s'embrouiller avec l'entourage. C'est même parfois le but.

Pourquoi s'embarquer dans cette métaphore pourrie? Pourquoi parler du besoin d'exister une semaine après vous avoir parlé de notre condition de mortel? Pourquoi est-ce que je ponds en ce moment des petits billets de philo pour lycéens mal dégrossis?

Parce que j'ai eu une illumination récemment.

En regardant le zapping.
De la télé-réalité. De l'info en continue. Des jeux. Le point commun?

Le besoin d'occuper le présent. De le remplir, de le gaver. J'ai toujours détesté le Carpe Diem, j'ai toujours trouvé ça au mieux puéril, au pire terriblement égoïste.

Et la télévision, miroir grossissant de nos préoccupations, nous déverse à gros flots de l'instantané, du moment présent, du programme qui nous fige là, maintenant, noyant le passé, le recouvrant sans cesse, l'empêchant de ré-émerger.

Et donc, me diront ceux qui n'ont pas oublié ce que je disais quelques lignes auparavant, qu'elle fut donc cette illumination?
Ce que je vais vous livrer est mon secret pour une vie réussi. Mieux que le secret d'une mère au foyer pour avoir les dents blanches ou d'un mathématicien pour gagner en bourse.

Voilà ce que j'ai compris:
Ce qui nous angoisse c'est de ne pas vivre assez, de ne pas réussir sa vie. C'est aussi de mourir.

Comme la semaine dernière, je vous ai dit que mourir c'était pas grave et qu'il ne fallait pas s'angoisser et bien non seulement je n'ai plus cette angoisse-là mais en plus je me dit que si ça a pu en rassurer certains, j'ai plutôt réussi ma vie.

Du coup, maintenant je peux vivre tranquillement et mourir sereinement.

Alors, elle est pas belle ma vie?




Une réflexion au sujet de « Nous voulons exister! »

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