"Doline" est un terme d’origine slave qui signifie "vallée". Apparemment rien de bien méchant. Par contre sa traduction en anglais est « sinkhole » soit « trou d’évier ». Hum, hum, vous commencez à flairer l’embrouille ? Il s’agit de ces trous qui apparaissent soudainement, sans raisons apparentes. Peut-être vous souvenez vous de cette doline qui était apparue au Guatemala en 2010 et avait littéralement englouti un quartier entier ? Et bien figurez-vous qu’ils sont beaucoup plus fréquents que ce qu’on imagine ! La plupart sont petits et inoffensifs. Mais ça n’est pas forcément la taille qui compte : imaginez un trou d’un mètre ou deux se former soudainement sous vos pas.

Cela peut suffire à vous tuer.

Si.

FORMATION ACCELEREE

Ils peuvent apparaitre de deux façons. Il y a la manière lente : un affaissement du terrain au ralenti dû à un sous-sol sableux ou peu dense. Cela peut prendre  parfois des dizaines, des centaines, et même des milliers d’années. Et puis il y a la manière rapide : en quelques secondes, plouf, un trou de plusieurs mètres de diamètre qui apparait comme par magie.  Il y a quelques semaines un américain habitant en Floride est mort englouti en pleine nuit par un de ces trous dévastateurs (ici). Sa chambre entière a disparu dans la bouche béante de ce monstre invisible.

Que se passe-t-il lors de la formation de ces dolines spectaculaires ?  Elles apparaissent généralement dans les milieux karstiques (et non pas sarcastiques), c’est-à-dire les milieux où l’eau s’infiltre. Comme le pastis par exemple. Cela crée des réseaux de petits cours d’eau dans le sol qui l’affaiblissent considérablement. C’est une chose qui peut arriver dans les sous-sols calcaires qui sont très friables. Si ce sous-sol est recouvert par du sable ou de l’argile, alors toutes les conditions sont réunies pour créer une doline: l’argile crée une forme de colle qui maintient le sol cohérent vu de la surface. Mais en dessous peut se créer un grand trou invisible dû à la circulation intense de l’eau dans le milieu calcaire. Il ne reste alors bientôt plus qu’un petit pont d’argile au-dessus d’un gros trou. Et le petit pont finit un jour par s’effondrer…


CARTE DES RISQUES : PARTOUT

Des milieux karstiques il y en a un peu partout dans le monde.  Il y en a beaucoup aux Etats-Unis, et tout particulièrement en Floride. Les assurances dénombreraient plusieurs milliers de demandes d’indemnisations par an liées aux dolines dans ce seul état ! Le Mexique aussi contient de grandes zones karstiques, tout comme l’Italie ou la Chine. Sans parler de tous les pays slaves, qui sont à l’origine de ce mot. Et on en trouve aussi dans l’eau, comme aux Bahamas. Ceux-là, ils sont plutôt mignons et pas du tout dangereux (sauf si vous êtes un crabe, auquel cas félicitations vous êtes le premier crabe lecteur d’Apache, la rédaction vous offre un tuba dédicacé). On les voit vu du ciel, de grands trous bleus dans l’océan.

COMMENT SE TIRER UNE BALLE DANS LE PIED

L’angoisse c’est que l’homme peut les provoquer lui-même. Le fait de pomper de l’eau par exemple : l’eau qui s’en va laisse un vide qui va se remplir à nouveau, créant un mouvement souterrain. Une sorte de chasse d’eau géante. Par conséquent beaucoup de terrains sont parcourus de petits cours d’eau par notre faute. C’est un peu comme scier la branche sur laquelle on est assis.

A cela se rajoute la croute des villes, qui agit comme de l’argile artificielle. Si le sol s’affaisse en dessous, on ne le voit pas tout de suite car le bitume tient bon. Jusqu’à ce qu’une voiture passe …

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Et les parkings ? Hein vous y avez pensé aux parkings ? Par où qu’elle passe l’eau ? Elle arrive toute guillerette du nuage le plus proche pour aller glander tranquille dans une nappe phréatique et paf ! Voilà qu’elle se retrouve nez à nez avec la zone commerciale de Tirlipimpon-sur-Seine. Alors au lieu de filer droit, la voilà qui s’accumule, qui s’accumule, qui s’accumule. Un véritable piquet de grève SNCF. Et le sol en dessous, il souffre, parce qu’il trouve ça lourd lui. Et un jour il craque.

Alors comme disait Marcel Vincent, ouvrez grands les yeux, les dolines sont parmi nous !