Sandy, pourquoi t’as un prénom de Barbie ?
Elle a mis KO pendant 48 heures la bourse de New York. Elle, c’est Sandy, la tempête qui a récemment balayé la côte nord-est des États-Unis. Mais au fait, pourquoi ce prénom ?

Impossible d'ignorer ce prénom ces derniers jours, à moins qu'un ouragan ne vous soit passé au-dessus de la tête ! Sandy... Il ou elle si on peut dire a réussi à mettre KO pendant 48 heures la bourse de New York ! Rappelons au passage que la dernière fois que Wall Street a fermé ses portes, c'était après les attentats du 11 septembre 2001. Quand bien même, il faut remonter à 1985, il y a 27 ans, pour trouver une fermeture exceptionnelle du marché en raison d'intempéries et ce, à cause d'un ouragan répondant au doux nom de Gloria. Tiens, encore un prénom féminin ? Katrina, Xynthia, Sandy... Mais d'où leurs viennent ces sobriquets ?
Halloween oblige, l'ouragan Sandy a été baptisé par les médias américains « The Frankenstorm » - contraction évidente de Frankenstein et de storm, tempête en français. En réalité, le choix du prénom de ces phénomènes météorologiques n'a rien de hasardeux. Au contraire, il obéit à des règles bien précises. Soit dit en passant, ce ne fut pas toujours le cas…
LE PRÉNOM DE MA FEMME TU PORTERAS
Pour certains, le fait d'affubler les cyclones d'un petit nom remonterait à plus de deux siècles. Souvent le nom du saint patron du jour, à l'instar de l'ouragan Santa Ana qui frappa Porto Rico le 26 juillet 1825. Pour d'autres, c'est Clement Lindley Wragge, un météorologiste australien, qui eut l'idée au début du XXe siècle d'utiliser un nom de personne afin d'identifier les phénomènes dans sa région. Il choisit en premier lieu les prénoms de politiciens qu'il n'aimait pas, puis ceux de (leurs ?) femmes, ou encore des noms historiques et de la mythologie. Quoi qu’il en soit, si l'origine de ces noms n'est pas certaine, leur objectif est néanmoins clair : différencier chaque événement pour faciliter la communication entre les prévisionnistes internationaux, les médias et le public. Durant la Seconde guerre mondiale, les météorologistes de l'American Air Force et de la Navy baptisèrent régulièrement les tempêtes du nom de leurs épouses ou petites amies. Une preuve d’amour ? En 1950, le Bureau météorologique américain (National Weather Service) décide alors de formaliser la chose et dénomme systématiquement les cyclones selon l'alphabet phonétique international employé dans les services de transmission : A comme Able, B comme Baker, C comme Charlie, etc. Mais les habitudes historiques étant profondément ancrées et afin de renouveler cette liste devenue lassante, on voit revenir dès 1953 les prénoms féminins. Et il faut attendre 1979, suite aux protestations de mouvements féministes aux États-Unis, pour qu’on commence à alterner les prénoms féminins et masculins dans le bassin Atlantique.
Depuis, pour la zone Atlantique Nord notamment, il existe six listes établies par le Centre national des ouragans (NHC) à Miami. Chaque liste compte 21 prénoms anglais, espagnols et français, en référence aux pays bordant l'océan Atlantique (cf. la liste des noms des cyclones tropicaux dans le nord de l'océan Atlantique) et suit l’ordre alphabétique : le nom du premier ouragan d’une année commence par un "A", celui du troisième de la même année par un "C", etc. Seules les lettres Q, U, X, Y et Z sont exclues, car les prénoms leur correspondant sont peu nombreux. Donc si vous avez suivi la liste, Sandy n'est autre que le 18ème ouragan de la saison. Et dans le cas d’années particulièrement prolifiques, il est prévu d'utiliser les lettres de l’alphabet grec. Les années paires débutent par un prénom masculin et pour les impaires, il est féminin. Enfin, ces listes sont réutilisables tous les six ans, à ceci près que les prénoms des ouragans ayant fait de nombreuses victimes sont supprimés et remplacés. Adieu Katrina, Mitch, Andrew ou encore Irene…
Dans le Pacifique nord-est, le fonctionnement est globalement le même, les noms restent des prénoms mais ailleurs, certains pays soumettent des noms de fleurs, d'oiseaux, et pas forcément dans un ordre alphabétique. Quid de l'Europe ? À l’origine, c’est l'Institut de météorologie de l'Université libre de Berlin qui faisait son choix parmi une liste prédéfinie de noms féminins et masculins. Mais depuis 2002, ce privilège est « offert » à tous, contre une rétribution financière évidemment. Oui, vous pouvez acheter le nom du futur phénomène européen. Plus exactement, vous avez la possibilité d’“adopter un Vortex” moyennant 199 € pour une dépression ou 299 € pour un anticyclone. Ce fut le cas pour la tempête Joachim, qui a frappé la France en décembre 2011. Elle porte le nom de son acquéreur, un certain Joachim Weber. Si l’envie vous prend de passer à la postérité avec l’une des prochaines tempêtes, vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Enfin l'article de Joe Steumeur, on l'attendait avec impatience o/.