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Science, bashing et hamburgers


On sait tous qu’un hamburger McDonald ne se décompose pas, même au bout de plusieurs années. Pourquoi ? Un nouveau tour de Dame Nature…

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C’est presque devenu un lieu commun de la culture populaire : un hamburger McDonald laissé à l’air libre ne se décomposera jamais, ne vieillira pas, ne moisira pas. Vestige éternel d’une société qui ingère des produits que la nature refuse de toucher.


DES PREUVES ACCABLANTES

Ce constat ne date pas d’hier. Une vidéo datant de 2007, the world’s firt bionic burger prétend présenter des hamburgers intacts datant de 1989.



Chacun se souvient également des images de « Super Size Me ». Dans ce film de 2004, on voit différents hamburgers se décomposer dans des bocaux tandis que leur homologue McDonald reste intact. On pourrait aussi parler du « happy meal project » de la photographe Sally Davies : une photo par jour d’un happy meal pendant 137 jours. Sally est donc très patiente et un peu monomaniaque. Je l’imagine se lever tous les matins et courir photographier son hamburger en se demandant s’il a bougé (pas de place hein, juste d’aspect). Heureusement qu’elle a fini par jeter l’éponge, sinon elle y serait encore.   La conclusion, c’est qu’elle aurait aussi bien fait de prendre une seule photo le premier jour et de rester au lit les 20 semaines d’après, tout le monde n’y aurait vu que du feu. Plus récemment, un hamburger est même devenu star télévisuelle sur CBS grâce à son extraordinaire longévité. David Whipple l’avait oublié dans une poche de veste en 1999. Un de ses enfants le retrouve en 2004, intact. Ils ont hésité à le vendre sur eBay, parce qu’il existe sûrement quelqu’un qui serait ravi de décorer sa cheminée avec. Mais les Whipple sont des sentimentaux : il fait presque partie de la famille maintenant. Ils l’ont gardé, et le sortent de temps en temps dans des écoles ou sur des plateaux télé. Il y a quelques semaines par exemple, il était jeune premier dans le show « The Doctor ». Que d’émotions, et que de souvenirs pour l’autoproclamé « plus vieil hamburger du monde ». 

UN COUPABLE TOUT TROUVE 

Le phénomène paraît évidement contre-nature : de la nourriture qui ne pourrit pas à l’air libre ? Jamais vu ! Ces expériences choquantes montrent que même les champignons et les bactéries ne veulent pas y goûter. L’explication semble évidente : McDonald, c’est le malin, la malbouffe, le complot mondial, la nourriture chimique. Sans trop chercher d’explications détaillées, il semble sans risque de blâmer conservateurs, produits chimiques, huile de palme, OGM voire même, selon certains, la haute teneur en sel. Bref en tout cas un truc qui ne tourne pas rond et qui nous tue à petit feu.
McDonald c’est le mal.

LA RE-OUVERTURE DU PROCES

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Mais que deviennent ces théories si l’on cherche à fouiller un peu ? Que se passe-t-il lorsqu’on abandonne les arguments de comptoir ? Et bien tout paraît sous un jour nouveau. Une fois n’est pas coutume. Les plus courageux pourront aller lire un article extrêmement bien fait sur ce sujet, avec expériences à l’appui. Les autres se contenteront de mon humble résumé.

Ce que l’auteur y précise à juste titre, c’est que le premier constat : « le phénomène n’est pas naturel », n’est pas étayé.
Scientifiquement parlant, nous n’avons aucune expérience directement comparative. Bien sûr on a tous vu des trucs pourrir. Mais cela vous est déjà arrivé de cuisiner un hamburger bio de la même taille, cuit de la même façon, et de même poids, et d’attendre qu’il pourrisse, juste pour comparer ? Personnellement j’ai autre chose à faire, et je n’ai jamais vu personne tenter l’expérience. Ça tombe bien, l’auteur de cet article semble décidé de se faire justice lui-même. Et il a fait bien plus qu'un seul test : il a fabriqué une variété d’hamburgers (petit et gros, salé ou non, etc.) et les a comparé à des équivalents McGerball. Voilà ce qu’on pourrait appeler une vraie démarche scientifique.

L'EAU C'EST LA VIE...

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Le constat est sans appel : un hamburger de petite taille ne pourrit pas. Cela s’explique très simplement : pour que de la nourriture moisisse, il faut deux choses. Des spores, et de l’eau.  Des spores, il s’en trouve partout, dans l’air notamment. En revanche, il n’y en a pas dans le hamburger au début, la viande et le pain venant d’être cuits. Il faut donc attendre que l’air les dépose. Ensuite il faut qu’elles se développent, donc il faut de l’eau. Le problème est qu’un petit hamburger se dessèche très vite. Bien avant que des spores aient le temps de le coloniser. Et une fois qu’il est dur comme du bois, c’est trop tard.  Surprenant n’est-ce pas ? C’est pourtant vrai. Logique, simple, rationnel, et parfaitement reproductible avec du pain et de la viande aussi bio et fait maison que vous voulez. La seule chose qui pourrit, ce sont les cornichons et la sauce qui eux sont plein de flotte.

La preuve ultime de ce raisonnement, c’est le test du Quarter pounder. Ce hamburger est plus gros que le petit classique. Aussi bien le représentant McDonald que son pendant fait maison vont développer un peu de moisissure au milieu du steack. Comme le steak est plus gros, il met plus de temps à s’assécher, laissant le temps aux organismes parasites de se taper un petit gueuleton. Mais quelques jours après, le steak est aussi sec que Johnny Hallyday et Gérard Depardieu après un apéro et la fête est finie.

La conclusion est qu’il n’existe pas de différence notable entre l’évolution de la décomposition d’un hamburger McDo et d’un hamburger fait maison. C’est un coup dur pour ceux qui sont adeptes du McDo bashing, mais croyez-moi, il vous reste encore bien assez de raisons pour continuer à détester les fast-foods. Autant se concentrer sur les vraies raisons et éviter les mythes.

 




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