20131216


Crainte et dégoût : le troc culturel au 104


arnaque
brocante
économie collaborative
le Cent Quatre

Dimanche c’était la grande foire du troc culturel au centquatre. Une librairie d’un nouveau genre ? Derrière l’utopie du partage se cache la mesquinerie banale de chacun : si on tentait de se débarrasser de toutes les merdes qu’on a accumulées dans son appartement ?

trocculturel104

Par Henri Gide

Dimanche c'était la grande foire du troc culturel au centquatre. Une librairie d'un nouveau genre ? Derrière l'utopie du partage se cache la mesquinerie banale de chacun : si on tentait de se débarrasser de toutes les merdes qu'on a accumulées dans son appartement ?

C'est plein d'espoir que je me suis rendu au 104 ce dimanche pour participer au grand troc culturel vivement conseillé par mon Télérama. Oui Télérama est à moi. Je paye très cher ce droit.
J'avais fait une sélection de bandes dessinées dans ma bibliothèque : BD de qualité mais dont je n'ai pas la série complète donc autant essayer de les échanger, tirages de luxe mais que je n'ai jamais lus, one shot de bonne tenue mais qui ne sont pas dans mes styles de lectures, albums en doubles, etc.
J'espérais rencontrer des gens qui avaient compris le troc culturel comme je l'avais compris.
Eh bien pas du tout.

trocculturel104 Crainte et dégoût : le troc culturel au 104

Ce troc culturel ressemblait plus à un vide grenier poussiéreux - culturel, certes. Avec plein de gens venus pour essayer de se débarrasser de livres de poches pourris, de vieux Picsou magazines, de revues périmées, de livres de cuisine obsolètes et inintéressants. Bref. Des merdes. Qui voudrait échanger un bon livre contre ces saloperies ? Autant donner les (bons) trucs avec lesquels j'étais venu et jeter le reste au papier.
Moi qui pensais que c'était une alternative à la vente d'occasion chez Gibert ou au don impersonnel de livres chez Emmaüs... Que c'était l'occasion de donner une véritable seconde vie aux livres. Quelle naïveté.

On est loin de la réinvention d'un système de troc, d'une "économie collaborative" comme on dit quand on essaie de théoriser tout ce qui nous tombe sous la main. On est plutôt dans la dernière tentative de refourguer des choses dont on n'a pas réussi à se séparer avant : ni sur ebay, ni chez Gibert, ni sur les quais de la seine. C'est le dernier recours des héros de Perec d'essayer de redonner de la valeur à des objets dont personne ne veut.

Mais n'enterrons pas tout de suite cette idée (bonne) du grand troc culturel. Elle a besoin de mûrir et le "public" a besoin d'y être préparé et éduqué. Et tout n'était pas noir dans ce troc : j'y ai vu de très beaux vinyles.

LE TROC CULTUREL DU 104



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