20130624


Le plus vieux vinyle du monde


Restaurer un vinyle à partir d’une photo, on croirait du Gorafi.
Et pourtant c’est vrai

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UN PEU D'HISTOIRE

Le premier type de l’histoire à avoir enregistré des sons est un français qui s’appelle Edouard-Léon Scott de Martinville. Il trafficota ses premiers sons sur papier en 1859. Malheureusement il avait compris comment enregistrer, mais pas comment restituer les sons. Alors il a produit quelques enregistrements pour rigoler puis à dû finir par se lasser; grâce aux progrès modernes vous pouvez l’entendre chanter au clair de la lune ici.

L’histoire de l’enregistrement sonore que l’on pouvait ensuite restituer, elle, a débuté dans les années 1880, en suivant deux routes parallèles. D’un côté, Thomas Edison inventait son phonographe, de l’autre, Emile Berliner inventait le gramophone. La grande différence entre ces deux inventions, c’est que le phonographe enregistre sur un cylindre qui tourne. Emile, lui, réussit à créer un système qui enregistre sur un disque, un système plus pratique à tous points de vue, tant au niveau de la reproduction que du stockage (vous imaginez votre collection de vinyles remplacée par des dizaines de gros cylindres ?). Aussi s’imposera-t-il rapidement. Le vinyle restera incontournable près d’un siècle, jusqu’à l'arrivée du Compact Disc en 1981.


Comme toujours concernant les nouvelles inventions, les débuts du gramophone furent balbutiants: Emile Berliner perfectionne sa machine et met quelques années à se faire connaitre. Les tout premiers enregistrements ont disparu, et l’oreille de l’homme ne peut pas voir ce qu’il n’a pas dans sa main. Tout cela parait logique. Pourtant la magie du hasard, de la science et de la folie d’un homme (ou de son syndrome maniaque autiste) vont bouleverser l’histoire.

PATRICK, LE HASARD ET LA MAGIE

Patrick Feaster est ethnomusicologiste à l’Université de l’Indiana. En gros, il fait de l’histoire de la musique; c’est à dire pour résumer qu’il passe son temps aux archives, généralement dans les sous-sols humides où personne ne va jamais. Patrick est probablement un grand timide. Un jour, alors qu’il prépare un exposé sur Edison (probablement son modèle), il tombe sur un journal allemand datant de février 1890, Über Land und Meer. Oui, Patoche aime lire le schleu. Et dans ce journal, il y a un article qui parle de la toute nouvelle invention qu’est alors le gramophone. Les vinyles ne sont pas encore commercialisés, et personne ne sait vraiment à quoi cela ressemble. Alors comme les lecteurs sont curieux, l’auteur de l’article a eu la bonne idée de prendre une photo d’un vinyle, en exclusivité mondiale. Ach, sehr schon !

C’est là que Pat’ entre en scène, il voit la photographie et se dit : “tiens, c’est probablement la photo du plus vieux vinyle connu, c’est cool je vais la mettre sur mon frigo”. Et puis aussi “la photo est bonne on dirait qu’on voit les sillons”. Et ni une ni deux, il se désinscrit du barbecue de l’université pour passer le week end enfermé à agrandir la photo du journal. Après quelques heures de travail, le voici qui trafficote sur son ordinateur avec autant d’acharnement qu’un hacker prépubère : il lui faut maintenant simuler numériquement la lecture de sa galette antique. Mais on ne la fait pas à super Pat-Pat, le temps de faire le tour de son slip sans toucher l’élastique,  le voici qui réussit l’exploit (il faut bien le dire) de recréer un enregistrement sonore à partir d’une photo.

Pour ceux qui avaient envie d’entendre un poème de Schiller, comme ça tout d’un coup, ça tombe bien. Il s’agit de son poème “Der Handschuh”, qu’on peut traduire approximativement par “le choux de main” ou quelque chose comme ça. On ne comprend pas forcément très bien de quoi ça parle, mais on on reste ému quand même à l’écoute du plus vieux vinyle du monde.




Ou ici... 



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