La belle vie (pas si belle), de Matthew Stokoe
L’été n’en était encore qu’à sa première page quand trois raisons m’ont poussé à acquérir La Belle vie de Matthew Stokoe : les conseils d’un vendeur pour le côté extrêmement subversif de l’ouvrage, la découverte de la mention « âmes sensibles s’abstenir » – plutôt inhabituelle pour un roman (bouquin toujours sous blister pour éviter qu’une jeune âme ne découvre un passage grossier, j’imagine) et enfin la traduction française d’Antoine Chainas.

Ce livre nous emmène en Californie : la terre promise, la dernière destination du rêve américain qui exhibe ses stars et ses paysages luxuriants... Cette usine à rêve dans toute sa splendeur, cet écrin de beauté plaqué or ! Mais qui cache bien évidemment un monde parallèle beaucoup moins clinquant...
Le pas fabuleux destin de Jack

J’accélère mais suite à quelques rencontres « dangereuses » il deviendra « Escort man » dans une agence et fera plus profonde connaissance avec Bella, une héritière aussi sublime et riche que maléfique.
Les liens que Jack entretient avec la société classique se délitent tout naturellement. Et il se transforme progressivement en un animal asocial parfaitement inadapté à une vie ordinaire. Tellement détaché et obsédé par sa réussite qu’il franchira toutes les limites.
Camé d’une page à l’autre, il croisera les pires créatures que la littérature puisse pondre : des riches blasés qui ont besoin de pratiquer d’humiliants jeux sexuels pour dormir, des flics détraqués fans de snuff movie, ainsi que toute la faune du Hollywood des bas fonds : rebuts de l’humanité, clochards, surfeurs tapineurs... (Et oui, il y en a !)
Un must have de l'extrême

Autant vous dire que la galerie des personnages fait clairement rêver et que rien ne vous sera épargné : inceste, nécrophilie, scatophilie, torture... Sans évoquer les quelques pratiques sexuelles dont j’ignorais l’existence !!!
Malgré cet étalage d’horreurs sur le papier, l’auteur développe un style intéressant, ou le désespoir transpire à chaque ligne. Tout est négatif, mort.
Chaque description commence bien et dérive en un cynisme rarement lu auparavant. Je ne vous cacherai pas que certains passages semblent gratuits et inutilement racoleurs, voire consternants, mais le livre prend au tripes dans le style horreur clinique.
A juste titre, il mérite la qualification de roman le plus extrême publié aux éditions Série Noire de chez Gallimard.
Chainas, le dernier chaînon
Enfin, le fait qu'Antoine Chainas ait traduit cet ouvrage n’a rien d’étonnant puisqu’il est lui-même l’auteur d’une poignée de titres assez scandaleux, très portés sur les flics ripoux, le cul extrême, les prostituées et surtout les paumés (vous pourrez lire mes critiques de quelques de ses livres sur madamedub.com, dont Aime moi Casanova, son meilleur livre !!)
Cependant Chainas est ici meilleur traducteur qu'auteur tant il est agréable de se plonger dans roman épique. Les siens, pour sa part, sont souvent laborieux à suivre...
Série Noire, Gallimard, 2012